L’urgence climatique

La lutte contre le changement climatique est rendue plus urgente chaque année du fait de l’accumulation croissante des gaz à effet de serre (GES) dans l’atmosphère, qui provoque l’élévation de la température moyenne de la surface de la Terre. Plus de 200 fois plus présent dans l’atmosphère que les autres GES, le CO2 est l’acteur majoritaire de ce phénomène. En France, il représente 70% des émissions de GES.

Les activités humaines auraient déjà provoqué l’augmentation de la température moyenne de la surface de la Terre de 1°C (+/- 0,2%) par rapport aux niveaux préindustriels, valeur atteinte en 2017. Selon le Groupe d’experts Intergouvernemental sur l’Evolution du Climat (GIEC),  au rythme auquel évoluent les modes d’émission de GES, la température moyenne de la surface de la Terre aura dépassée l’augmentation de 1,5°C définie par l’accord de Paris d’ici 2030 à 2050.

Les impacts sociaux, économiques et environnementaux annoncés par le GIEC sont considérables :

  • Acidification des océans et montée des eaux
  • Intensification des inégalités sociales
  • Augmentation de la vulnérabilité humaine
  • Modification des conditions environnementales des habitats
  • Modification des adaptations biologiques des animaux et végétaux
Même si cela paraît infime à l’échelle individuelle, les modèles climatiques réalisés par le GIEC montrent des impacts significativement différents entre un réchauffement de +1,5°C et de +2°C : chaque degré compte.

Avec le changement climatique, gagner lentement équivaut purement et simplement à perdre car c’est le cumul des émissions et non la valeur instantanée à une date qui définira le climat de demain.

Il est donc vital de tout mettre en œuvre pour ralentir ce phénomène dans les délais les plus courts.

Comprendre le réchauffement climatique en 4 minutes
« Ce que nous envisagions il y a une trentaine d’années comme évolution climatique, c’est le climat dans lequel nous sommes, c’est à dire un réchauffement moyen de l’ordre de 1°C sur lequel se superpose un dérèglement climatique. Cette modification des événements extrêmes est déjà assez perceptible et elle va s’intensifier. » (Réseau Action Climat, déc. 2018).

« Si l’on veut rester en-deçà de 2°C, il nous faut émettre moins de 800 milliards de tonnes de gaz carbonique. La construction nécessaire pour loger correctement 3 milliards d’habitants supplémentaires dans les villes émettrait pratiquement une bonne moitié, le chiffre du GIEC étant de 470 milliards de tonnes de C02. Donc la seule construction prend environ la moitié de ce qu’il nous reste à émettre si on veut rester en-deçà de 2°C. » (interview BBCA)

Jean Jouzel, Climatologue et ex-Vice-Président du GIEC, membre d'honneur de l'Association BBCA

Trajectoire vers la neutralité carbone : Réduire et Stocker

Les trajectoires d’émissions qui permettent de tenir l’objectif +1,5°C sont toutes extrêmement ambitieuses et demandent de vastes transformations de nos modes de vie, de production et de consommation. Il n’y a cependant pas une seule trajectoire fixée une fois pour toute, mais bien un faisceau de possibilités pour y parvenir, et ces trajectoires devront s’adapter à ce que nous mettons en place ou choisissons de ne pas faire, année après année.

Rapportée à l’empreinte carbone d’un français, qui est actuellement de 11,5 tonnes de CO2e par an, les émissions devraient baisser de 40% en 2030 et de 80% en 2050.

En parallèle de ces efforts de réductions, il faudrait arriver d’ici la moitié du siècle à ne pas émettre plus de GES que nous n’en sommes capables d’absorber par des phénomènes de « stockage de carbone ». C’est ce que l’on appelle la « neutralité carbone ».

Le stockage de carbone atmosphérique

Alors que la combustion des énergies fossiles fait passer du carbone stocké (sous forme pétrole, gaz ou charbon) des sols à l’atmosphère, les techniques de stockage de CO2 font l’opération inverse, en absorbant le carbone atmosphérique pour le stocker dans les sols. Du point de vue de l’atmosphère, on passe d’un flux positif à un flux négatif. Cette logique comptable permet d’établir des flux « d’émissions nettes ».

La forêt est le poumon vert de la planète. Le mécanisme de photosynthèse permet aux plantes de fabriquer des glucides nécessaires à leur croissance, en capturant le CO2 atmosphérique et en libérant du dioxygène.

Si la forêt est l’un des rares réservoirs sur lequel l’homme sait agir correctement (boisement et reforestation), elle ne peut absorber que 10% du CO2e/français/an. De plus, arrivée à maturité, une forêt voit sa capacité d’absorption du carbone atmosphérique s’épuiser (ralentissement de la croissance, incendie, tempêtes….). Des solutions complémentaires devront être développées dans les années à venir, parmi lesquelles la constitution de puits de carbone dans le bâtiment.

Jalons clefs en France depuis 2015

  • Transition énergétique pour la croissance verte (2015)

Promulguée le 17 août 2015, la loi de transition énergétique pour la croissance verte est un texte ambitieux qui, par rapport à 1990, se donne pour objectifs à 2030 de réduire de 40 % les émissions de gaz à effet de serre, de porter la part des énergies renouvelables à plus de 30 % de la consommation énergétique finale d’énergie, et de baisser à 50 % la part du nucléaire dans la production d’électricité à horizon 2025.

  • Accord de Paris (2015) : accord universel sur le climat

L’Accord de Paris, signé lors de la COP21 par 197 pays du monde, est un texte engageant une politique environnementale pour la lutte contre le changement climatique visant à limiter la hausse de la température de surface planétaire à 1,5°C par rapport aux niveaux préindustriels.

  • Stratégie Nationale Bas-Carbone (2015) : feuille de route française pour la politique d’atténuation du changement climatique

Élaborée en 2015, révisée en décembre 2018, la Stratégie Nationale Bas-Carbone (SNBC) définit la feuille de route de la France pour réduire ses émissions de gaz à effet de serre, comprenant 67 recommandations pour chaque secteur d’activité et sur des sujets transversaux, afin de réduire l’empreinte carbone globale des français par le développement d’un nouveau mode de croissance. La SNBC définit des objectifs et des seuils d’émissions de GES par quinquennat, appelés « budget-carbone » en tonne de C02e, répartis par secteur d’activité. Le premier budget carbone de 2015-2018 n’ayant pas été respecté, les 2ème (2019-2023) et 3ème (2024-2028) budget carbone ont été révisés à la hausse.

  • Plan Climat (2017)

Le Plan Climat fait suite aux accords de Paris. Il vise à mobiliser tous les acteurs de la transition énergétique et propose différentes feuilles de route réalisées par le comité AcTe (Accélérateur de la Transition Energétique) pour le bâtiment, le transport, les énergies, les forêts, l’agriculture, l’industrie et les déchets. Fin 2018, c’est ce plan qui fixe l’objectif de la neutralité carbone à l’horizon 2050, qui remplace le programme « facteur 4 » initial .