Dans le cadre des Grands Débats du SIBCA 2025 au Grand palais le 3 septembre après-midi, Stanislas Pottier, Président BBCA, a accueilli Robin Rivaton pour une présentation des grandes lignes de son rapport. L’occasion également d’échanger avec des professionnels sur l’avenir de la RE 2020.

Ce document présente quelques points saillants de sa prise de parole (*). Consultez le replay du Grand Débat et les échanges avec Marc Lafont (WO2), David Lebannier (Pouget Consultants), Jocelyn Urvoy (Elioth), Guillaume Meunier (IFPEB) en suivant ce lien.

 

Robin Rivaton, sollicité par la ministre Valérie Létard, a mené une mission d’évaluation de la RE2020, l’objectif étant de réduire l’empreinte carbone des bâtiments tout en s’assurant du maintien d’une offre suffisante de logements, dans un contexte de crise du pouvoir d’achat et de hausse des taux d’intérêt. La réglementation, qui s’étend jusqu’en 2031, vise à décarboner le secteur de la construction avec des plafonds d’émissions carbone à respecter qui sont durcis tous les trois ans.

 

Ambition

Robin Rivaton insiste sur la nécessité de conserver les seuils et les jalons de la RE2020, malgré les pressions économiques et politiques. « Il n’y a rien de pire que les phénomènes d’accélération-recul », souligne-t-il, en référence aux incertitudes créées par les changements fréquents de réglementation (ex. : le DPE).

La France est perçue comme pionnière en Europe sur ces enjeux, et un recul serait contre-productif. « La décarbonation n’est pas un luxe, mais une nécessité. » : malgré les reculs environnementaux observés dans le monde (Pays-Bas, États-Unis, Inde), la France doit tenir son cap.

 

Priorités

Cependant, il propose une réhausse temporaire du seuil de 40 kg CO2/m², en raison des perturbations liées à la disparition des données environnementales type A1 (remplacées par des données A2 en 2026). « On ne doit pas sacrifier un logement d’aujourd’hui sur l’autel du carbone », résume-t-il, en soulignant que le logement reste une priorité sociale. « Mieux vaut un seuil temporairement assoupli que des logements non construits. »

Robin Rivaton met en garde contre une focalisation excessive sur le carbone, au détriment d’autres critères (confort, hauteur sous plafond, balcons, etc.). « Il ne faut pas que l’indicateur carbone devienne un totem », prévient-il. Il déplore que les occupants finaux (ménages) ne soient pas représentés dans les concertations sur la RE2020, ce qui peut mener à des bâtiments techniquement performants mais mal adaptés aux usages. « Le balcon est un exemple concret : supprimer les balcons pour gagner du carbone, c’est prendre le risque de rendre le neuf inacceptable. ».

« La rénovation n’est pas toujours vertueuse. » Certaines réhabilitations peuvent émettre plus de CO2 qu’une démolition-reconstruction. « Il faut des ACV (Analyses de Cycle de Vie) pour la rénovation. »

 

Europe

« Aucun pays européen ne vise notre niveau d’exigence. » La France doit conserver son avance, mais éviter une divergence trop forte pour ne pas risquer des contentieux.

« Une réglementation nationale est acceptable si elle reste dans un cadre de convergence européenne. » 

 

3 messages clés de Robin Rivaton

  1. Tenir l’ambition : « La RE2020 est une réglementation admirée en Europe. La France doit rester pionnière. »
  2. Éviter les blocages : « Assouplir temporairement les seuils (ex. : 40 kg CO2/m²) pour ne pas sacrifier des logements. »
  3. Équilibrer carbone et qualité d’usage : « Le carbone ne doit pas devenir un totem au détriment du confort et de l’acceptabilité sociale. »

 

 

Pour aller plus loin

> Pour consulter le rapport sur l’évaluation de la RE2020 dans son intégralité, suivez ce lien > https://www.ecologie.gouv.fr/sites/default/files/documents/10.07.2025_Rapport__Robin_Rivaton_RE2020.pdf

 

> Feuille de route

  • Proposition d’un décret avant le 31 décembre 2025 qui reprend les différents éléments sur le carbone
  • Proposition d’un décret avant le 30 juin 2026 sur la qualité d’usage dont l’adaptation aux vagues de chaleur

 

(*) A noter que l’Association BBCA a rendu son avis sur le rapport Rivaton dans le cadre de la consultation menée par la DHUP dans le courant de l’été. Une note synthétique est en cours d’élaboration.