La construction hors-site offre une alternative concrète au béton traditionnel, responsable de 8% des émissions de GES en France. En optimisant l’utilisation des matériaux et en réduisant les déchets, elle permet d’atteindre des réductions d’impact carbone significatives, jusqu’à 40% selon certaines études. Pourtant, malgré ses atouts, la France accuse un retard par rapport à des pays modèles comme la Scandinavie ou le Royaume-Uni.

 

Pascal Chazal, CEO du Groupe HORS SITE

Pascal Chazal, CEO du groupe Hors Site, explore comment la construction hors-site peut transformer l’industrie du bâtiment.

 

 

 

En quoi le hors-site permet-il d’être bas carbone ?

Pascal Chazal. Pascal Chazal. La construction classique repose principalement sur le béton, un matériau majeur dans les émissions de gaz à effet de serre en France. Cette approche est également synonyme de « culture de chantier », où le béton est coulé sur place, centralisant ainsi toutes les activités. Pour réduire significativement l’impact carbone, il est essentiel de diversifier les matériaux utilisés, en privilégiant ceux qui sont renouvelables ou recyclables. De plus, la construction traditionnelle engendre un gaspillage important : selon l’ADEME, les déchets des chantiers représentent 74% des déchets des Français ! En revanche, la production en usine permet une utilisation optimale des matériaux et du temps de travail, minimisant les déchets et facilitant la mise en place de filières de recyclage efficaces.

 

Quels sont les 3 atouts principaux du hors-site dans la course à la décarbonation/la lutte contre le réchauffement climatique ?

Pascal Chazal. La construction hors-site s’aligne parfaitement avec les recommandations de l’ONU, qui souligne dans son sixième rapport de 2023 l’urgence de modifier les matériaux et processus de construction utilisés, pointant notamment le béton, responsable de 8% des émissions de GES. Cette méthode permet de diminuer considérablement l’impact carbone ; des études, comme celle menée par l’Université de Heriot Watt en Angleterre, ont démontré des réductions pouvant atteindre 40%, un chiffre significatif. Enfin, les objectifs fixés par la RE2020 pour 2028 et 2031 pourraient être plus aisément atteints grâce à l’adoption de la construction hors-site.

 

Comment la France se situe-t-elle dans le déploiement du hors-site ?

Pascal Chazal. Avec la création du magazine Hors-Site en 2017 et du Campus Hors-site en 2019, nous avons voulu éveiller le marché à une nouvelle vision de la construction. Bien sûr, avec la préfabrication, on pratiquait sans le savoir, mais il y a une grande différence entre préfabrication et industrialisation et c’est sur ce point que nous accusons un retard certain par rapport à d’autres pays comme la Scandinavie, le UK ou encore l’Allemagne et l’Autriche ; là où nous peinons à dépasser les quelques % de parts de marché, les Pays-Bas ou la Scandinavie construisent à plus de 25% de hors-site. (Le visuel présente le magnifique Hôtel Jakarta à Amsterdam, conçu par Search Architecte, certifié Bream excellent. Modulaire, l’hôtel a été livré avec un an d’avance !, NDLR).

 

Quel message souhaiteriez-vous faire passer aux acteurs de l’immobilier bas carbone ?

Pascal Chazal. La construction hors-site est un formidable outil au service de la décarbonation. L’ère de tout béton est derrière nous, nous le savons tous ! Il va falloir apprendre à utiliser des matériaux renouvelables ou recyclables, et ceux-ci ne se coulent pas sur le chantier ! Le hors-site devient donc incontournable : n’en ayez pas peur, apprenez au contraire ce nouveau langage !