Si le hors-site optimise les processus et favorise l’innovation matérielle, il ne garantit pas systématiquement une décarbonation de la construction. Intégré dans une stratégie globale, il peut réduire l’empreinte carbone, comme le démontrent des projets emblématiques tels que le pôle Tertiaire du CHU de Rennes, labellisé BBCA Neuf niveau Excellence.
Explication et décryptage des enjeux avec François Vaché,
directeur adjoint du Pôle Eiffage Construction Hors Site.
Comment la construction hors-site contribue-t-elle à la réduction de l’empreinte carbone des projets de construction par rapport aux méthodes traditionnelles ?
François Vaché. Il faut veiller à ne pas faire de raccourcis trop hâtifs en considérant que la construction Hors Site est obligatoirement décarbonée. Il est tout à fait possible de produire des sous-ensembles Hors Site très carbonés ! Il est crucial de ne pas se fier aux idées reçues et de comprendre que la décarbonation du secteur du BTP nécessite une approche globale des projets.
La construction hors site est considérée par Eiffage construction comme un mode constructif alternatif et/ou complémentaire à la construction traditionnelle. Par les avantages que ce mode constructif offre (cf. ci-dessous), la construction Hors Site peut-être une partie de la solution face aux enjeux de réduction de l’empreinte carbone, sous réserve qu’elle s’intègre dans une stratégie plus large qui prend en compte l’ensemble du cycle de vie des bâtiments et les diverses sources d’émissions de carbone.
Dans notre esprit, la construction hors site vient contribuer à la décarbonation du secteur du BTP de plusieurs manières :
- Optimisation des processus : En centralisant la production dans des usines, nous optimisons les processus de fabrication pour minimiser les déchets et l’énergie utilisée.
- Qualité et durabilité : Les conditions contrôlées de l’usine permettent une meilleure qualité d’assemblage et de construction, ce qui peut conduire à des bâtiments plus qualitatifs et pérennes.
- Innovation matériaux : La construction Hors Site laisse place à l’innovation, notamment dans l’emploi de matériaux avec une empreinte carbone faible, matériaux souvent difficiles à intégrer dans les phases de construction sur les chantiers traditionnelles. (Exemple du bio sourcé)
- Efficacité logistique : La maitrise logistique permet une optimisation des transports et une réduction du trafic, notamment dans les centres urbains autour des chantiers.
- Énergie renouvelable : La mutation des centres industriels Hors Site doit s’engager pour s’orienter vers l’utilisation de sources d’énergie renouvelable afin d’assurer la préfabrication des sous-ensembles.
Quelles technologies et innovations spécifiques utilisez-vous dans vos projets de construction hors site pour optimiser la performance énergétique et réduire les émissions de CO2 ?
François Vaché. Comme expliqué précédemment, au-delà de la production de sous-ensembles, Eiffage fait le choix d’une conception holistique des projets afin de répondre aux enjeux de performance énergétique et de réduction des émissions de CO2.
Les sous-ensembles (Façade Ossature Bois, Planchers préfabriqués, gaines techniques préfabriquées, …) viennent s’intégrer selon les ambitions des projets, toujours au service du client et de l’utilisateur.
Comment sélectionnez-vous et intégrez-vous des matériaux bas carbone dans vos processus de construction hors-site ? Quels sont les principaux défis associés à cette sélection ?
François Vaché. Le Hors Site est très favorable à l’intégration de matériaux bas carbone compte tenu des conditions d’application dans des environnements (usines) maitrisés.
- En structure, la mise en œuvre du béton bas carbone (problématique de séchage notamment) ou encore du bois est simplifiée.
- En isolation, l’intégration de matériaux biosourcés, notamment dans les Caissons Ossatures Bois (MOB / FOB) suit un processus de contrôle strict autorisant leur emploi (ou sinon assurant leur pérennité).
Concernant ces derniers matériaux les défis sont grands car le comportement des matériaux vis-à-vis des différentes sciences des bâtiments (feu / acoustique / eau / vapeur / thermique …) reste encore à éprouver dans un cadre normatif aujourd’hui en construction. Il convient donc, avant de sélectionner un matériau, de maitriser le domaine d’application, les normes associées, et l’ensemble des sciences du bâtiments qui seront impactées par ce choix. Cela nécessite une ingénierie forte engagée très tôt dans la conception des projets.
Pouvez-vous nous parler d’un projet récent où la construction hors site a permis de réduire significativement l’empreinte carbone ? Quels ont été les résultats concrets en termes de décarbonation ?
François Vaché. Plusieurs projets viennent souligner notre capacité à intégrer la construction hors Site pour appuyer la réduction de notre empreinte carbone : la tour Hypérion à Bordeaux, modèle de construction hors Site, le Village des Athlètes à Saint Ouen, le lycée Gergovie à Clermont-Ferrand ou encore le pôle Tertiaire du CHU de Rennes sont autant d’exemples sur lesquels Eiffage Construction a intégré la réflexion Hors Site pour répondre à ses engagements.
Le pôle Tertiaire du CHU de Rennes a obtenu le label BBCA Neuf niveau Excellence en phase réalisation. La construction hors site avec des matériaux bas carbone a permis de réduire significativement la durée du chantier et d’atteindre le seuil 2031 de la RE 2020 (pour plus d’informations sur cette opération, cliquez ici).