La publication du nouveau Référentiel BBCA « Commerce » est à la une. Elle suscite aussi de nombreuses questions. Mesurer l’empreinte carbone d’un centre commercial, comment on s’y prend ? Comment identifier des indicateurs communs et pertinents ? Quelles sont les sources de réduction possibles ? Et quels objectifs viser ? Explications avec Rémi Babut, Directeur de projets et Arthur Haulon, Ingénieur chez Elioth by Egis qui ont assuré, avec Carbone 4, le pilotage technique de la mise au point de ce nouveau référentiel.
Qu’est-ce qui caractérise la mesure de l’empreinte carbone d’un centre commercial/d’une enseigne ? Comment avez-vous réussi à contourner les obstacles ?
Une première difficulté est la grande diversité des commerces : centres commerciaux, retail parks, commerces mono-enseigne, pieds d’immeubles. Cela se traduit par des acteurs et enjeux différents suivant les typologies de commerces et leurs localisations : selon leur situation de propriétaire, locataire, exploitant, les acteurs de la chaîne de valeur ont la main sur des données et des leviers d’action bas carbone différents. La matrice des douze indicateurs, définie dans le référentiel BBCA Commerce donne un socle méthodologique pour que n’importe quel commerce puisse calculer son empreinte carbone, sans oublier de postes d’émissions carbone.
Concrètement, quelles sont les principales sources d’émissions et les opportunités de réduction carbone des centres commerciaux ?
La particularité des commerces est que leur activité est de vendre des produits et services dont l’empreinte est à estimer au cas par cas mais qui est de l’ordre de 4 à 30 fois plus élevée que les émissions de GES associées au bâtiment et à la mobilité. Le deuxième poste d’émission est en général l’impact carbone des déplacements des consommateurs. Cela dépend fortement du contexte du commerce : localisation, accessibilité en modes doux, offre de transports en commun, etc. Enfin le troisième poste mais qui reste le cœur du label BBCA est le bâtiment, de l’ordre de 1500 kgCO2e/m²/an d’après nos retours d’expérience basés sur un mix d’enseignes. Ce périmètre est cependant celui sur lequel la responsabilité et les leviers d’actions sont les plus forts pour les acteurs de l’immobilier commercial : impact des produits de construction, des consommations énergétiques et des fluides frigorigènes.
Il nous apparaît essentiel de séparer les différents postes de l’impact car les incertitudes, intensités carbone et degré de responsabilité de la foncière commerciale sont très variables. Cela permet ensuite de prioriser les actions et d’enclencher la décarbonation du secteur.
Quel pourcentage de réduction un centre commercial engagé dans le futur label BBCA peut-il espérer ?
Les retours d’expérience BBCA sur des opérations pilotes permettent d’estimer à environ 40% de réduction l’impact carbone d’un centre commercial atteignant le niveau Standard du référentiel BBCA Commerce par rapport à un centre classique sur le périmètre bâtimentaire : environ 1.5 tCO2e/m² pour un centre moyen à comparer à moins de 1 tCO2e/m² pour un BBCA Standard, sur un cycle de vie de 50 ans.
Pour objectiver l’exemplarité sur les différents périmètres, les niveaux Performance et Excellence du référentiel permettent de valoriser les efforts de coopération avec les enseignes du centre (notamment via le questionnaire sur les produits vendus), et la diminution de l’impact carbone de la mobilité des visiteurs (de 20 à 60% de réduction par rapport à un centre moyen).