Le référentiel BBCA COMMERCE pour l’immobilier commercial Neuf, en Rénovation ou en Exploitation vient d’être publié !
C’est le premier référentiel de mesure de l’empreinte carbone de l’immobilier commercial sur tout son cycle de vie et un guide de conception qui encourage les bonnes pratiques bas carbone. Le référentiel BBCA COMMERCE a été mis au point avec le soutien de Frey, Klepierre et Unibail Rodamco Westfield.
Regards croisés sur ce nouvel outil stratégique entre Carine Stoeffler, Directrice Engagement ESG et gestion des risques de FREY, Louis Bonelli, Directeur Général France-Belgique de Klépierre et Clément Jeannin, Directeur Groupe du Développement Durable d’Unibail-Rodamco-Westfield.
Vous avez soutenu le développement du référentiel BBCA et du futur label « Commerce » qui vise à réduire l’empreinte carbone des commerces. Pourquoi ?
Carine Stoeffler. Chez FREY, nous avons la conviction que le commerce de demain doit concilier attractivité, utilité sociale et exemplarité environnementale. Le secteur du retail a longtemps été absent des grands référentiels de décarbonation. Soutenir le développement d’un label BBCA spécifique au commerce, c’est combler ce vide, structurer une démarche exigeante et inciter l’ensemble de notre écosystème à agir.
L’élément déclencheur ? La volonté d’avoir un outil objectif, robuste et reconnu pour évaluer et faire progresser les actifs de commerce sur l’ensemble de leur cycle de vie carbone, de la conception à l’exploitation. C’est aussi un moyen de renforcer la transparence vis-à-vis de nos parties prenantes – collectivités, enseignes, investisseurs, visiteurs de nos sites – et d’envoyer un signal fort sur notre niveau d’engagement.
Louis Bonelli. La certification est un critère très regardé par nos parties prenantes. Or, malgré des objectifs comparables entre les acteurs, il y a un fort besoin d’harmonisation dans le secteur. Notre typologie d’actifs étant très particulière, elle n’est en effet pas toujours prise en compte par les référentiels existants. De plus, le climat est l’enjeux RSE prioritaire pour notre secteur, d’où l’importance d’avoir un référentiel focalisé sur cette thématique.
Clément Jeannin. Chez URW et en ligne avec notre feuille de route Better Places, nous sommes convaincus que le secteur du commerce a un rôle clé à jouer dans la transition environnementale. Un label BBCA Commerce permet, sur le climat, de disposer d’un cadre ambitieux et partagé pour réduire l’empreinte carbone des centres commerciaux, tant en phase de construction qu’en exploitation.
Quels sont les éléments qui vous ont marqués lors de cette phase ? Quelle est la valeur ajoutée du référentiel BBCA Commerce ?
Louis Bonelli. Nous avons été accompagnés par des spécialistes de la construction et de la comptabilité carbone car nous avons constaté durant la conception du référentiel qu’il existe très peu de littérature et de documentation portant sur ces thématiques pour notre typologie d’actifs (par exemple nous avons trouvé très peu d’informations sur l’impact carbone des produits vendus). Nous avons aussi réalisé que, bien que l’on ait l’impression de travailler sur un secteur unique, il existe au sein même de l’immobilier commercial des disparités importantes entre typologies d’actifs (par exemple centre commercial vs. retail park), ce qui a nécessité la mise en place de critères différents.
Concernant les atouts, il s’agit d’un référentiel très spécifique à notre catégorie d’actifs et qui s’y applique donc parfaitement. Nous avons pour la première fois des seuils carbone adaptés et c’est l’un des premiers référentiels qui inclut l’engagement des locataires, ce qui est essentiel pour réduire l’empreinte carbone d’un bâtiment.
Clément Jeannin. La particularité du label BBCA commerce est qu’il évalue, en plus de la qualité intrinsèque du bâtiment, des éléments déterminants dans les émissions GES du commerce comme la mobilité des visiteurs. En proposant des méthodes d’évaluation pour chacun des critères, le label est un excellent outil pour guider la décarbonation du commerce.
Carine Stoeffler. Nous avons été agréablement surpris par la volonté d’adapter les exigences du référentiel BBCA aux spécificités du commerce : temporalité des chantiers, modularité des espaces, diversité des usages, complexité du pilotage énergétique partagé avec les enseignes… Cela a nécessité un travail fin et itératif.
La principale difficulté reste l’accès aux données d’exploitation des commerces, souvent éclatées entre bailleurs et preneurs. Il faudra progresser sur la standardisation et le partage de ces données.
Parmi les grandes priorités : intégrer systématiquement les enjeux carbone dès la phase de conception, privilégier au maximum l’usage des matériaux bas carbone, déployer des outils de pilotage énergétique performants, et renforcer la sensibilisation des locataires.
Le référentiel BBCA Commerce est un atout puissant car il donne un cadre lisible, crédible et ambitieux à une démarche de décarbonation qui doit s’accélérer.
En quoi et pourquoi le label BBCA peut-il constituer un atout dans le secteur hautement concurrentiel et en pleine mutation qu’est le commerce aujourd’hui ?
Clément Jeannin. Le label BBCA est un marqueur d’engagement vis-à-vis des multiples parties prenantes du secteur, et apporte sur le sujet du climat une preuve externe à l’échelle d’un actif ou d’un projet. C’est aussi un outil pour anticiper un commerce bas carbone, plus résilient, plus efficace et mieux préparé aux futures réglementations.
Carine Stoeffler. Le commerce physique doit se réinventer pour rester pertinent dans un monde marqué par les transitions écologique, sociétale et digitale.
Le label BBCA est un atout différenciant : il valorise les sites les plus vertueux, répond aux attentes croissantes des enseignes et des consommateurs en matière de durabilité, et renforce ainsi l’attractivité des territoires.
Enfin, il doit agir comme un levier d’innovation pour toute la filière pour aller plus loin dans la réduction carbone d’un projet durant son cycle de vie en embarquant notamment : architectes, bureaux d’études, entreprises de construction, gestionnaires, enseignes…
Louis Bonelli. Cela constituera une preuve concrète et objective de la performance d’un bâtiment dans son entièreté, un cadre véritablement adapté à notre activité (permettant d’avoir une comparabilité entre acteurs, des seuils, des éléments quantitatifs).
Quelles sont vos ambitions en matière de décarbonation de vos sites et de labellisation dans les 5 années à venir ?
Carine Stoeffler. Notre ambition est claire : faire de la décarbonation un levier stratégique et structurant pour l’ensemble de notre portefeuille.
Nous travaillons activement à l’intégration d’objectifs de réduction de nos émissions carbone sur l’ensemble de notre chaine de valeur et du cycle de vie de nos actifs en déployant notamment des feuilles de route spécifiques site par site, avec une priorisation selon l’état du bâti et les leviers d’action.
C’est une trajectoire indispensable pour répondre à l’urgence climatique et rester un acteur de référence du commerce utile et durable.
Louis Bonelli. Dans le cadre de sa stratégie Act4Good, Klépierre a pour objectif d’atteindre le net-zéro carbone sur ses scopes 1 et 2 d’ici 2030, et s’est également fixé un objectif de Net Zéro Artificialisation Nette.
Clément Jeannin. La décarbonation est un pilier central de notre feuille de route en matière de durabilité, Better Places. D’ici 2030, nous visons une réduction significative de nos émissions carbone sur l’ensemble de notre portefeuille, avec des objectifs validés en 2023 par la SBTi selon le référentiel Net Zero, notamment en visant -90% sur les scopes 1 et 2 en 2030 par rapport à 2015 et -50% sur les Scopes 1, 2 et 3 en 2030 par rapport 2015.