La forêt et les produits bois qui en sont issus jouent un rôle majeur dans la lutte contre le changement climatique et la construction bois constitue un atout avéré pour la décarbonation de l’immobilier.

Des évidences soumises à des enjeux stratégiques et à une planification impérative ainsi que le souligne l’étude « 2030-2050 : quel scénario carbone pour la filière forêt-bois ? » menée par l’interprofession.

Des thèmes également abordés à l’occasion du 13e Forum International Bois Construction (FBC) qui s’est tenu du 3 au 5 avril.

A l’aune de ces deux événements et dans le cadre plus précis de sa mission, BBCA a souhaité partager une vision de la thématique forêt-bois/bâtiment bas carbone dans sa globalité et espère apporter quelques clefs de compréhension. Enjeux, réalités et prospectives en 3 actes.

 

1. Filière forêt-bois, construction et bâtiment bas carbone, au cœur des enjeux climatiques

La France n’atteindra pas ses objectifs de neutralité carbone sans mobiliser la filière forêt-bois.

La forêt, bien que fragilisée par le changement climatique, et les produits en bois qui en sont issus, jouent un rôle majeur dans la lutte contre le changement climatique.

La France n’atteindra pas ses objectifs de neutralité carbone sans mobiliser la filière forêt-bois, véritable atout pour agir simultanément sur l’atténuation et l’adaptation au changement climatique. Dans un objectif de neutralité carbone globale et de souveraineté, la relocalisation des approvisionnements en bois en France devra être amplifiée.

Une étude inédite pour éclairer la question avec Carbone 4

Le 13 février dernier, l’interprofession nationale de la forêt et du bois, France Bois Forêt, le Comité professionnel de Développement des Industries Françaises de l’Ameublement et du Bois (Codifab), et l’Union Française des Industries des Cartons, Papiers et Celluloses (Copacel) présentaient une étude inédite, sur le « scénario carbone » de la filière à horizons 2030 et 2050. Une étude menée avec le Cabinet Carbone 4. Une présentation publique en a été faite lors du Forum Bois Construction.

Il est urgent d’agir pour adapter les forêts au changement climatique

Les forêts souffrant des effets du changement climatique (ralentissement de la croissance, dépérissement, attaques parasitaires, mortalité, incendies…), le scénario de filière de l’étude s’est basé sur une hypothèse d’amplification graduelle des phénomènes climatiques à horizon 2050. L’interprofession alerte : « L’adaptation des forêts françaises à l’évolution du climat devra impérativement être menée de manière active pour réduire le risque de déstockage massif de carbone et pour préserver la capacité des écosystèmes à préserver la biodiversité ».

Pour y parvenir, l’interprofession propose trois démarches :

– Surveillance renforcée de la santé des forêts,

– Prélèvements anticipés et réactifs des bois dépérissant,

– Renouvellement forestier en faveur de l’adaptation de la forêt au climat futur.

Innover pour garantir l’usage grandissant du matériau bois

La décarbonation de l’économie française passera inévitablement par un plus grand recours au matériau bois dans les usages, en priorité ceux à longue durée de vie avec le bâtiment en tête de liste, tout en développant le réemploi et le recyclage.

L’augmentation progressive et mesurée de la récolte annuelle (+10 Mm3 d’ici 2035) demandera de mobiliser l’ensemble des forêts à travers une dynamisation proportionnée, en lien avec l’objectif de leur adaptation au changement climatique. Cela nécessitera également une augmentation des capacités de transformation et de l’attractivité socio-économique des activités de gestion et d’exploitation forestière.

La variabilité probable de la récolte induite par les crises climatiques devra s’accompagner d’une adaptation et une réorganisation de la gestion forestière pour valoriser les bois de crises de façon agile. La capacité à satisfaire la demande des différents marchés nécessitera d’articuler encore plus la ressource de bois autour des usages matière bois d’œuvre et bois d’industrie, notamment ceux à longue durée de vie (construction et ameublement) des produits en fin de vie. Pour cela, des investissements dans l’innovation et les infrastructures industrielles seront nécessaires.

Dans une perspective globale en 2050 de sobriété et d’utilisation plus forte du bois pour la construction, l’étude établit un scénario central de convergence permettant d’équilibrer l’offre et la demande de bois, tout en accompagnant la nécessaire adaptation des forêts dans un contexte de crise climatique subie et en limitant les difficultés pendant la période de transition. « Les effets du plan de reboisement en termes de stockage carbone se constateront dans plusieurs décennies (horizon 2060-2080). Ce plan doit viser au renouvellement actif et pertinent de la forêt avec des essences et des modes de gestion diversifiés et adaptés au climat futur ».

Une chose est sûre : Filière Forêt-Bois, une réaction éclairée et proactive est impérative !

 

2. Bois construction et bâtiment bas carbone – les clefs pour comprendre avec BBCA

Le bois construction et les matériaux biosourcés (fibres de bois et de paille, chanvre, ouate de cellulose, coton, lin, laine de mouton) sont particulièrement vertueux en termes de procédés de fabrication, lesquels, économes en carbone, autorisent leur substitution à des matériaux émissifs. Ainsi le bois massif CLT, LVL ou lamellé-collé offrent aux concepteurs de bâtiments les mêmes garanties pour le gros œuvre que les matériaux dits « traditionnels » (béton, acier), le faible impact carbone en plus.

En outre, ils sont stockeurs de carbone. 1m3 de bois, c’est environ 1 tonne de carbone stockée (susceptible de variations en fonction de la densité réelle du bois – source ONF/Office national des forêts). À l’échelle d’un bâtiment qui maximise l’usage du bois notamment en structure, 170 à 200 kg d’équivalent CO2/M2 de surface de plancher peuvent être stockés. C’est tout à fait significatif comparés aux émissions carbone d’un bâtiment (sur tout son cycle de vie), de l’ordre de 1.3 tonnes de CO2 par m2 pour un bâtiment traditionnel et 700 kg pour un bâtiment bas carbone exemplaire labellisé BBCA.

Dans sa base carbone, l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe) indique à propos du bois construction : « le bois contient du carbone qui a été soustrait à l’atmosphère lors de la croissance de l’arbre (…) Si ce carbone, [une fois] les arbres coupés, ne retourne pas dans l’atmosphère mais reste dans l’ouvrage réalisé avec du bois, alors que, dans le même temps, d’autres arbres ont été plantés [à la place], l’homme contribue ainsi à soustraire du CO2 de l’atmosphère au lieu d’en rajouter (…) À la condition de provenir de forêts “bien gérées” et d’être inclus dans des objets qui dureront au moins un siècle…»

L’Association BBCA tient compte pleinement des bénéfices du bois construction dans les labels BBCA qui attestent de l’exemplarité de l’empreinte carbone d’un bâtiment ou d’une opération. Spécificité de la méthode BBCA : le stock de carbone longue durée constitué par le recours au bois d’œuvre est valorisé à 100% tant que le bâtiment n’est pas détruit, tenant compte de la durée réelle du stockage, à la différence des calculs acv conventionnels qui neutralisent partiellement (ACV dynamique – RE2020) ou totalement (ACV statique) ce stockage au bout de 50 ans, simulant une fin de vie théorique du bâtiment qui s’accompagnerait d’un relargage hypothétique du stockage dans l’atmosphère.

Par ailleurs, la méthode « Bâtiment neuf biosourcé – Valorisation du stockage carbone », développée par BBCA en 2023, permet désormais de reconnaître, grâce au Label bas-carbone opéré par l’Etat, le stock de carbone sanctuarisé dans les bâtiments neufs et d’obtenir des financements.

 

3- Règlementation Incendie, les professionnels se mobilisent

Les matériaux bio-sourcés constituent un axe clef de la décarbonation du secteur de la construction.

Ils font l’objet depuis 20 ans de recherches largement encouragées par les pouvoirs publics, qui ont abouti au développement de procédés, de matériaux et d’outils industriels performants.

De façon totalement inexpliquée, l’administration travaille à un projet de règlementation en matière de sécurité incendie pour les ERP (établissements recevant du public) avec des dispositions très contraignantes dont il est dit qu’elles pourraient préfigurer les autres réglementations. À titre d’exemple, un projet d’arrêté prévoit, l’interdiction du bois apparent dans les bâtiments, de nombreuses restrictions relatives aux modes constructifs, des critères de disqualification du matériau bois par rapport à d’autres matériaux, autant de points qui représentent une incohérence en termes d’usage ainsi qu’un surcoût financier et environnemental non négligeable à l’heure où la sobriété est un objectif prioritaire, prônée par le gouvernement lui-même.

C’est méconnaître les années de développement et d’efforts pour mettre au point des solutions décarbonées à même de garantir la sécurité des usagers… un tel projet de réglementation Incendie télescope frontalement la RE 2020.

La contradiction entre l’objectif de transition écologique de la construction et l’ injonction administrative rend la situation absurde mais préoccupante car elle risque de bloquer de nombreux projets bas carbone essentiels.

Le dialogue se poursuit depuis plusieurs mois entre les pouvoirs publics et les professionnels du secteur pour ramener le gouvernement à la cohérence et la raison sur le sujet et sortir de cette situation de blocage.

À suivre…

 

Pour aller plus loin :

Consulter l’étude « 2030-2050 : Quel scénario carbone pour la filière Forêt-Bois ?  » > Cliquez ici

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